Peter Gabriel : So (1986)
Peter Gabriel : SO - Virgin/Charisma records (1986)
Après 4 albums sans titres (un peu comme Led Zep') et juste la description de la pochette pour les reconnaître (I : "Car" avec la voiture bleue, II : "Scratch" car Peter s'y déchire le visage, III : "Melt" car son visage fond, IV : "security" parce que le bonhomme dessus y fait peur), Peter prénomme donc en 1986 son 5e effort en solo : "SO" et c'est un nouveau virage qui est pris, assurément.
Nouveau virage car le bonhomme donne un titre (et son visage ne subit aucune altération contrairement aux précédents album. On peut donc en déduire que cet album est tout aussi personnel que les autres). Certes un titre court comme le seront tous les autres albums par la suite, j' ai nommé "US" (1992), "OVO" (1997), "UP" (2002), mais un titre quand même. Ensuite l' imagerie du bonhomme. Déjà au sein de Genesis, il avait une manie en commun avec un certain Bowie à la même époque, ce besoin de s' habiller n' importe comment sur scène juste pour épater ou souligner l'univers graphique de la musique, ce qui je l' avoue était déjà pas si mal. Là, ce seront --grande première !-- les clips qui subiront un lavage aux crayons de couleurs pour être les plus inventifs et colorés possible, et ça marche du tonnerre. Comment ne pas oublier "Sledgehammer" et ses poulets qui gigotent en pâte à modeler ? Bien avant celà, il y avait déjà eu des clips de Peter Gabriel mais ni "Solsbury Hill", ni "Zaar" n' avaient cette constante frénétique inventive du changement.
Et puis il y a la musique. Beaucoup ont trouvé que cet album était une trahison car l' ami Peter y sonnait plus "commercial" qu' avant. Plus commercial, non, il suffit de réfléchir aux parole et d' apprécier tout l' album en son entier comme un mélomane ou un amoureux de la musique et non pas quelques clips tirés sur le volet. Plus ouvert, oui. Passionné de world music, Peter ouvre sa musique aux nouvelles influences, invite Youssou n' Dour (pour lequel d' ailleurs il contribuera beaucoup à le faire découvrir en Europe et aux U.S.A) sur "In your eyes" et créera le label de world music de Virgin : Realworld. Et les morceaux de cet album sont loin d' être une simple pop-FM préformatée pour MTV je vous assure, d' ailleurs y'a pas tous ces foutus synthés clinquant des 80's c'est dire. "Red Rain" au texte sombre et son final vocal est toujours aussi sublime, "sledgehammer" reste toujours aussi funk et trippant, "don't give up" en duo avec Kate Bush suffira à remonter le moral à plus d'un. Et "Mercy Street" tout en synthé et flûte est de ces perles qui s' écoutent le soir devant le soleil couchant tellement les images sont fortes dans ce morceau crépusculaire d'ailleurs dédié à la romancière Ann Sexton.
Un album sublime à la fois facile d' accès et difficile, écoutable à l'infini et à la texture musicale inépuisable. Un ami de tous les instants.