King Crimson : Red
Après eux, l'apocalypse.
King Crimson - Red (Virgin - Discipline - 1974)
3e grand cycle du roi pourpre et dernier disque, le plus noir et expérimental des 70's,
après la période lyrique (les 2 premiers albums) et le second cycle, jazz/musique
de chambre, Red
sort à titre posthume : Fripp excédé, ayant dissous le groupe quelques mois avant la sortie de ce vinyle, énervé des désaccords continuels au sein de sa
créature, changements de personnel et départ d'un peu tout le monde
sans oublier les pressions internes...
Red
est donc l'album noir de fin, Fripp ne reformera le groupe qu'en 80
(pour une mouture très électronique mais ça c'est une autre histoire,
tout aussi passionnante) et celà se sent d'ailleurs à l'écoute.
Formidable chant du cygne, grunge sombre avec presque 20 ans d'avance.
Liste des pistes :
- 1/ Red (6:16)
- 2/ Fallen angel (6:03)
- 3/ One more red nightmare (7:10)
- 4/ Providence (8:10)
- 5/ Starless (12:16)
1/ Red est un instrumental lourd, martial,
agressif qui indique d'emblée la couleur de l'album. Mais curieusement
le milieu du morceau laisse la guitare devenir brusquement aérienne
comme un aigle menaçant qui survolerait sa proie.
A chaque fois que j'écoute Red, je pense à une musique de film d'horreur. Etonnant non ?
2/ Fallen Angel est sombre balade. Comprendre que c'est une chanson presque normale mais les paroles montrent bien que l'on reste sur ce chemin de l'obscurité : un gamin est tué le jour de ses 16 ans dans les rues de New-York. Comme anniversaire, on trouve plus gai, je vous l'accorde... O_o
Magnifique passage de guitare électrique vers 3 minutes.
3/ One more red nightmare...N'est pas une allusion au communisme. :)
En fait plus une critique de l'Américain bien
pensant sur fond de rock-Jazz avec clapements de mains et la guitare de
Fripp qui rôde toujours aux aguets. Un titre très groovy avec
d'excellents morceaux de saxophone avec une fin qui n'est pas sans
rappeler celle de "welcome to the machine" de Pink Floyd qui sortira un
an plus tard.
Le Frippon reste en avance.
4/ Providence est
un titre improvisé live (mais les sons du public ont étés gommés au
mixage) et c'est le plus dur d'accès du groupe et curieusement il se
rapproche assez des morceaux inquiétants de Silent hill (l'ost 1, la
plus "hard"). Mon conseil ? L'écouter dans le noir pour vivre
l'ambiance formidablement désenchantée de cette "introduction" à
Starless, LE grand morceau du groupe.
5/ Starless.... Ok on y
est, voilà le plus grand morceau du groupe, le plus noir, le plus
jouissif mais pas le plus long (comparé aux 23 minutes de "lizard" sur
l'album éponyme), en tout cas le meilleur.
Starless débute
lentement, mélancoliquement, les 4 premières minutes, chantées sont le
thème principal avant soudain d'embrayer sur une note de guitare
électrique qui se répète lentement, dangereusement. Signal d'alarme. A
cette note s'en glissent vicieusement d'autres pour former une suite
qui monte d'accords en accords tandis que les percussions résonnent
dans le noir comme des pieds qui cliquettent. Le morceau évolue
lentement, de plus en plus, dévoilant une tempête qui gronde au fur et
à mesure que les notes se rajoutent de plus en plus jusqu'au paroxysme.
Soudain
tout se détraque, on bascule dans un chaos de rock-jazz qui va a 100 à
l'heure presque joué sans filet, ralentit, puis se redétraque
rapidement, presque improvisé avant de revenir brutalement au thème
principal dans la dernière minute finale, mais où tous les instruments
de l'album jouent (même le violoncelle de Providence), comme un adieu
vibrant et déchirant......